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Artiste | Gabriel Laurin (1901-1973) |
Epoque | 20ème siècle |
Style | Art moderne |
Matière | Pastel |
Etat | Bon état général, une zone légèrement tachée |
Dimensions | 62 × 97 cm |
Prix | 1 400,00€ |
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Artiste | Gabriel Laurin (1901-1973) |
Epoque | 20ème siècle |
Style | Art moderne |
Matière | Pastel |
Etat | Bon état général, une zone légèrement tachée |
Dimensions | 62 × 97 cm |
Prix | 1 400,00€ |
“Gabriel Laurin (1901-1973), Paysage Vers Aix-en-provence, Pastels Sur Calque, Encadré ” Légère mouillure sur la droite.
Le 22 février 1901, naît, à Aix en Provence, Séraphin Gabriel Laurin de Pauline Laurin et d’un père qui ne le reconnaît pas.
Laurin retourne à Aix et vit chez sa grand-mère, avec sa tante Rose [1867-1945], son oncle Marius et sa mère Pauline [1868-1929]. La famille travaille à l’entreprise Milhaud comme trieurs d’amandes et à l’usine d’allumettes d’Aix. La famille Laurin était aisée autrefois. Le père de Pauline possédait une entreprise de location de chevaux au Pont de l’Arc. Sa mort subite oblige la famille à tout vendre et ils aménagent à Aix dans une petite maison, rue Célony, avec très peu d’argent.
Après son certificat de fin d’études, Laurin part pour le Front ; c’est 1914. Ramené par la police militaire parce qu’il n’a que 13 ans, il essaye encore une fois, a 14 ans et là, s’engage dans l’École de Marine militaire de Lorient.
A 16 ans, Laurin perd sa main droite dans une explosion dans un atelier de construction navale. Ne supportant pas cette main défigurée, Laurin la sectionne lui-même jusqu’au poignet ; les médecins horrifiés n’ont pas le temps d’intervenir.
Il doit apprendre à écrire de la main gauche et, grâce à la vente d’une épicerie que l’État lui a donnée en tant que blessé de guerre, Laurin monte à Paris. Là, à 18 ans, il découvre les fortifications, les bals musettes, les jolies filles, la rue de Lappe…
Laurin rentre à la maison et dit à sa mère ” Je vais être artiste “. Laurin n’arrêtera plus jamais de dessiner ou de peindre. En 1922, il entre à l’Ecole des Beaux Arts d’Aix en tant que candidat libre ; il y suit les cours du peintre Marcel Arnaud [1877-1956] lui même grand disciple de Cézanne [1839-1906]. Là, il peaufine son art. À Noël, en 1929, meurt la mère de Laurin. Ce fut le plus grand chagrin de la vie de Gabriel. Grâce à elle et ” La Tante Rose “, il a toujours su voir la vie, la nature, sa ville d’Aix et les femmes, surtout les femmes, comme une vraie merveille, une merveille qu’il a su peindre toute sa vie.
À Aix, Laurin et quelques copains, artistes comme lui, forment le groupe de Bibémus. Ce sont : André Marchand (1907-1998), Roger Decome (1906-1991), Pierre Mailloux (1912-2003) et Gilbert Rigaud (1912-2003). En1929-1930, Laurin remporte le 7ème prix du Concours Conté sur plus de 20,000 concurrents sur toute la France, et avec les 500 francs offerts avec le prix qu’il remporte, une fortune à l’époque, il monte à Paris, à Montparnasse et s’inscrit à la Grande Chaumière. Là, il rencontre la jeune artiste, Méraud Guiness (1904-1993), la fille de Lord Guiness. Elle épousera plus tard le grand poète Chilien Alvaro Guevara (1894-1951).
Durant les 5 ans que Laurin passe presque entièrement à Paris, il rencontre le monde artistique du tout Paris. Darius Milhaud, dont il connait bien la famille à Aix, trouve ce jeune peintre extraordinaire, et monte la première exposition Laurin à Paris. Paul Poiret (1879-1944), le célèbre couturier de l’époque, Jeanne Bucher (1872-1946), marchande de tableaux, Francis Picabia (1879-1953) et le poète Max Jacob (!876-1944) deviennent ses amis intimes.
En 1931, Laurin épouse une des filles Baldini, née Thérèse, surnommée Yvonne. C’est une amie de jeunesse. Il côtoie Yvonne et sa soeur Dédé, mais c’est Yvonne qui veut se marier. À Paris, on surnomme ces jolies Aixoises “les oisillons”. En 1933, Laurin veut rester à Paris ; Yvonne et Dédé veulent retourner à Aix ; alors d’un commun accord Gabriel et Yvonne divorcent. Ils resteront de très grands amis toute leur vie.
En 1934, une amie de Méraud vient à Paris lui rendre visite ; c’est Julia Chanler Beach, (1905-1977) femme du compositeur et grand pianiste américain, George Beach. Elle est la fille du peintre Robert Winthrop Chanler (1872-1930) descendant des Astor, et premiers Gouverneurs des États Unis. Laurin fait sa connaissance et c’est le début d’une grande passion qui les unira pour toujours. Julia divorce de son mari compositeur. Laurin et elle se marient en 1936. Ils ont deux enfants : Pauline Rose Laurin, née en 1936 et Monique Chanler Laurin, née en 1937. Ils font construire une bastide dans le quartier du Petit Roquefavour, nommée Barjemiou. Les bruits de la guerre se font entendre et les artistes descendent à Aix et Marseille. Blaise Cendrars (1887-1961) devient un habitué des Laurin, ainsi que l’écrivain Ernest Erich Noth (1909-1983). Un jour, Darius Milhaud , sur le cours Mirabeau, aux Deux Garçons, la plus célèbre des brasseries aixoises, présente Jean Giono (1895-1970) à Laurin. Gabriel fera un frontispice pour le livre de Giono ” Un de Baumugnes ” (1947).
Des années de clandestinité commencent pour Laurin. Il change de nom empruntant celui d’une femme qu’il aime. Il devient Louis Mattei. Gabriel fait partie des groupes francs qui organisent des opérations de représailles avec les spécialistes envoyés par Londres.
Après la guerre, refusant tout honneur, Laurin part, pour l’Amérique, voir Julia et ses deux filles. Toutes trois habitent New York. Julia a retrouvé sa vie de grande dame de la société New Yorkaise. Cette ” société des 400 ” que sa propre famille a contribué à créer.
Laurin se remet à peindre ; la guerre l’a éloigné quatre ans de son art. Il change de style, découvre un monde où la nature joue un rôle énorme, la femme, chats, poules, poissons et mêmes des fruits et légumes,!
En 1946, à Paris, à la galerie Denis, Laurin a sa première exposition d’après guerre. La préface du catalogue est de Maximilien Vox et sa toile “La Marchande de Légumes ” est
acquise par l’État. La réception de l’oeuvre de Laurin est bonne ; des critiques connus et estimés louent son oeuvre.
De retour à Aix, il fait la connaissance de Georges Duthuit (1891-1973), le gendre de Matisse. Laurin avait connu la fille de Matisse pendant la guerre, car elle aussi avait combattu, comme Laurin, dès la première heure, dans la clandestinité. Entre Duthuit et Laurin s’installe une grande amitié qui durera jusqu’à la mort de Laurin. Madame Matisse habite Aix et Gabriel va souvent chez elle. Là, il retrouve les autres artistes et intellectuels qui font d’Aix, une ville vivante, plein d’esprit et de passions.
Il a une exposition en 1951 à la galerie Mai, rue Bonaparte ; le journaliste et écrivain Jean Bouret (1914-1979) écrit la préface du catalogue. Toutes ses oeuvres sont vendues. A Paris, il voit souvent Cendrars qui habite maintenant rue Jean Dolent. Il se sépare de sa compagne Philiberte Besançon (1906-1972) la seule de ses amies qu’il refuse de revoir. Il tombe amoureux de Clémence Routant (1903-1984). Toute sa vie, Laurin lui témoignera un profond respect et une grande amitié.
Laurin retourne à Aix où il retrouve son “cousin” Calder et fait la connaissance d’André Masson (1898-1987) en visite chez Calder au Mas des Roches. Laurin et Calder et sa famille font des excursions ensemble, des pique-niques à Martigues où ils vont souvent manger de la bouillabaisse.
En 1954, Laurin, de retour de son séjour au Moyen Orient, retrouve sa ville d’Aix rempli de la couleur de ces pays. Il a une nouvelle compagne, Françoise Rousselet (1930-1983) ; elle est professeur d’Italien, et, avec elle, il voyage beaucoup en Espagne et en Italie. Gabriel termine son cabanon de Beauregard, y vit avec Françoise et sa petite fille, Anne, qui a six ans, surtout les week-ends où ils font de longues promenades, tous les trois. Là, Laurin peint, la peint, elle Françoise, en superbe amazone, avec beaucoup de tendresse.
En 1960, Laurin a sa première exposition à la Galerie Tony Spinazzola sur le cours Mirabeau d’Aix. Laurin signait souvent ses toiles, “Gabriel Laurin d’Aix”, comme si Aix était synonyme de Laurin et vice versa. Il ne peut vivre longtemps séparé de cette ville qu’il aime, et connait si bien. Finalement sa ville ‘voit’ Laurin, découvre l’œuvre de ce solitaire qui arpente les rues d’Aix, qui pendant la guerre l’a si bien défendue, et qui maintenant dévoile au grand jour à tous ces gens, qui l’appelaient le tueur, le solitaire, le justicier,qu’il est surtout et avant tout leur peintre.Il devient d’un coup ” Monsieur Laurin”, et les gens le saluent et lui disent ” vous “, savent qu’il est peintre, qu’il peint Aix. Et ils n’ont pas tort. Même ses nus sont dans les champs de blés aixois, la Montagne Sainte-Victoire en arrière plan.
D’ailleurs, en 1966 quand le projet de répandre les cendres de Cézanne sur la Montagne Sainte-Victoire est suggéré, Laurin écrit une lettre ouverte au gens d’Aix : “La Sainte-Victoire ne peut être à personne qu’à elle- même. De génération en génération, toute notre jeunesse a grimpé sur ses flancs. Elle n’est que vie et que joie dans l’effort. Le plaisir d’être sur elle nous faisait chanter et rire dans un vrai bonheur. Le soir de la Saint-Jean, un grand feu illuminait la montagne. On chantait et on riait. Si demain, elle devenait une tombe de par un nom, si grand soit-il, il n’y aurait plus là-haut qu’un grand silence ( on ne rit pas sur un tombeau ! ). Laissons-la seule, à personne, à tout le monde. De son passé, elle porte un nom magnifique, ce nom est, doit être la volonté de vaincre. Elle s’est donnée à Cézanne, à tous ceux qui l’ont aimée, sans partage. Laissez-la dans son ciel. Elle n’est pas à nous. On ne la verrait plus dans sa vraie lumière. Par le temps, le nom des hommes se fond dans le néant, mais elle, elle sera toujours là avec son grand nom: Sainte-Victoire.” (Laurin cité par Vautier, 1966)
Durant les années 60 et jusqu’à sa mort, Laurin monte à Paris au moins sept fois par an pour voir ses amis, Blaise Cendrars, le Père Bruckberger, George Duthuit, Ida Chagall, Tino Rossi et sa fille Monique, qui y habite avec ses six enfants et son mari Reinhard von Nagel, et surtout Julia, sa seconde femme, qui, malgré leur divorce, reste présente dans la vie de Laurin.
En 1967, la Galerie Krane Kalman organise une exposition en Angleterre pour Laurin.
En 1968, une exposition à la Galerie Christiane Colin, quai Bourbon, montre les dernières toiles de Laurin et ses pastels et dessins. Des femmes ” Carpes”, nues, couleurs vives, scènes de bars couleurs chartreuses, des paysages d’Aix avec des femmes amazones allongées devant la Sainte-Victoire : Laurin est heureux.